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LE JOURNAL DE L'ÉDITION
Comité de lecture & Sélection
Tous les manuscrits déposés en maison d'édition sont soumis à l'épreuve de la sélection. Une fois l'ouvrage déposé par l'auteur, un comité de lecture procède à son évaluation. Selon sa ligne éditoriale, celui-ci procède à un tri des manuscrits : en moyenne, sur les dix mille ouvrages proposés, seulement un ou deux seront retenus. Autrement dit, la sélection est une étape que seuls 0,01 % des manuscrits parviennent à franchir. De manière évidente, tous les manuscrits ne peuvent et ne doivent être sélectionnés : tout n'est pas bon à publier. Toutefois, l'identité des comités de lecture, et par extension les modalités de sélection des grandes maisons d'éditions restent aujourd'hui encore très opaques au public.
LES DÉCÉPTIONS DE L'ÉDITION TRADITIONNELLE
Le monopole de l'édition
L'activité du livre en France est largement dominée par un oligopole éditorial : une poignée de maisons d'édition comme Hachette, le Seuil, ou Gallimard bénéficient de fait d'un quasi-monopole sur le livre. Alors que ces structures publient plus de 90 % des livres disponibles en librairie, celles-ci verrouillent paradoxalement leur comité de lecture, restreint à un ou deux membres internes. Autrement dit, c'est tout au plus une vingtaine de personnes qui donnent le ton du paysage littéraire français.
Un paternalisme culturel
Ces structures trahissent une position anachronique à l'égard de l'édition, en fondant leur sélection sur des principes de centralisation et de huis-clos. Dans l'état actuel des choses, le fonctionnement des maisons d'édition traditionnelles correspond à une vision oligarchiste de la culture : celle-ci se diffuse du haut par le bas, depuis une élite autoproclamée monopolisant la culture légitime, à destination d'un public mis à l'écart du monde de la littérature. Par comparaison, cette situation fait figure d'exception au sein du paysage européen de l'édition.
Une diffusion centralisée
Ce modèle centralisé empêche le développement d'une diffusion plurielle : la sélection d'un ouvrage par ces maisons se suffit comme instance de consécration. Il devient par conséquent fastidieux pour un auteur d'être reconnu sans passer par les grandes maisons d'édition comme Gallimard, Minuit, le Seuil, ou Hachette.
Une sélection commerciale
Les maisons d'éditions traditionnelles ont appauvri leurs critères de sélection, en dépit des moyens financiers dont elles disposent. Les structures éditoriales traditionnelles font le choix de sélectionner en majorité des œuvres dont le succès commercial et garanti, dans l'objectif de compenser le risque financier de quelques auteurs de talent. On voit ici que le monde de l'édition traditionnel a pris la décision délibérée de se plier à des impératifs commerciaux, au détriment d'une qualité et d'une originalité littéraires.
L'ESPOIR DU PARTICIPATIF
Un projet nouveau
Un certain nombre d'initiatives apportent un peu de lumière au tableau assombri par la politique des structures éditoriales traditionnelles. L'émergence progressive de maisons d'édition dites participatives apparaissent à cette heure comme l'alternative la plus crédible aux rigidités de l'édition traditionnelle.
Un comité de lecture démocratisé
Ces structures s'appuient sur les potentialités du net pour ouvrir leur comité de lecture à l'ensemble des lecteurs. L'initiative est ambitieuse, dans la mesure où la sélection des manuscrits est transparente et démocratique : quoi de plus légitime pour une maison d'édition que de proposer à ses lecteurs de participer directement à la publication ? Ainsi, ces maisons d'édition lèvent un mythe entretenu par les structures traditionnelles, laissant à penser que sélectivité et qualité littéraires sont incompatibles avec un bon accueil en librairie.
Arrêt sur image : le Salon du Manuscrit
À l'instar d'une maison d'édition comme le Salon du Manuscrit, le projet participatif tend à gagner en importance au sein du paysage éditorial français. Cette structure propose à l'ensemble des internautes de s'inscrire gratuitement sur son site afin d'intégrer leur comité de lecture. Chaque manuscrit déposé fait l'objet d'un vote de la part de ce comité élargi : si l'ouvrage en réunit 75, il est proposé à la souscription. Il faut ensuite que le manuscrit fasse l'objet de 350 commandes avant d'être publié en librairie, accompagné d'une promotion adéquate. Dans ce type de structure, non seulement la sélection est un principe primordial, mais celle-ci est d'autant plus légitime qu'elle est le fruit de la participation démocratique de l'ensemble des lecteurs.
L'ILLUSION DU TOUT-PUBLIABLE
Aucune sélection
Les maisons à compte d'auteur et l'auto-édition se développent en avançant l'idée que tout est bon à publier. Ainsi, ces structures prennent la décision de ne plus soumettre les ouvrages à l'épreuve de la sélection. Ainsi dit, tout manuscrit sera publié. À la condition cependant que l'auteur en assume la charge financière.
Tout n'est pas publiable.
La sélection est primordiale dans l'activité de l'éditeur, dont le rôle est de s'astreindre à déceler le talent, et de ne mener en librairie que les ouvrages de qualité. Sélectionner, c'est préserver l'objet livre. À l'inverse, porter chaque manuscrit à la publication reviendrait à saturer les librairies par des ouvrages à intérêt limité. Autrement dit, la sélection est un gage de qualité pour le lecteur.
Quelles conditions de publication ?
La promesse de l'absence de sélection est teintée d'une certaine hypocrisie, dans la mesure où les maisons d'édition à compte d'auteur ou les structures d'auto-édition n'assurent ni de publication en librairie, ni de réelle campagne de promotion.
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